samedi 30 septembre 2017

Travaux 2017


Nous attendons avec impatience les travaux qui permettront la réouverture du chemin allant de la porte d'Aude à la barbacane Saint Nazaire. Un sens interdit et des grilles métalliques sont toujours installés.....


Les travaux à l’extérieur et à l'intérieur de la Basilique semblent, quant à eux, commencés.


Le grand orgue, emmitouflé, 'mailloté', est protégé des poussières néfastes. Souhaitons que les Estivales d'Orgue qui, cette année, ont été supprimées au mois de juillet pour des travaux d'automne, ne seront pas absentes au mois de juillet 2018 dans cet espace culturel, au cœur de l'été, dans notre Cité de Carcassonne.







mercredi 27 septembre 2017

La Croix du Pont Vieux






 




Cette croix datant du 15ème siècle a été arrachée de son socle. Elle marquait, d'après les historiens locaux, la limite des compétences des municipalités de la Ville Haute (La Cité) et de la Ville Basse (la Bastide St Louis).
Cette croix, comme la croix aux pieds des escaliers du jardin Joseph Poux, a été l'objet de vandalisme. Sont-ce des casseurs stupides? Sont-ce des gens que l'on pourrait appeler intégristes?





On peut remarquer que la Vierge à l'extrémité du Pont, elle aussi, est l'objet de dégradations.




lundi 4 septembre 2017

A Carcassonne, la Cité sous les regards de Christiane Amiel




http://books.openedition.org/editionsmsh/3496?lang=fr


À Carcassonne, la Cité sous les regards

Christiane Amiel

TEXTE INTÉGRAL

1Dans la première moitié du xixe siècle, la Cité de Carcassonne est un lieu presque abandonné. Forteresse militaire obsolète, elle est entretenue sommairement par l’Armée, et une partie de ses fortifications est en ruine. En 1804, Napoléon Ier a décidé de la rayer de la liste des places fortes en activité. Inutiles et dangereux parce que sujets à de fréquents éboulements, ses remparts sont alors vendus par portions aux maçons locaux qui en récupèrent les pierres. C’est cette image d’une citadelle démantelée que l’on peut voir sur les gravures, peintures et photographies de l’époque. À l’intérieur des murailles, l’ancienne ville médiévale est dans un état de désolation similaire. Désertée par les notables et les autorités administratives, elle est essentiellement habitée par une population des plus misérables. Tout l’oppose à la Carcassonne moderne et bourgeoise qui, de l’autre côté du fleuve, s’étale largement dans la plaine. Isolée sur une butte, loin de l’activité industrieuse et commerçante, prisonnière de fortifications inutiles qui enserrent un lacis de ruelles étroites, sombres et humides, elle apparaît comme un lieu arriéré, figure antinomique de la Cité idéale de demain. Elle est une « ville haute » à laquelle on n’accède que par un mauvais chemin escarpé, une « vieille ville » dont le destin s’achève. C’est, par exemple, la vision qu’en retiendra Stendhal, lors de son voyage dans le Midi de la France en 1838 :
Je passe le pont ; je monte à cette ancienne ville ; il me semble monter à l’assaut ; pas un chat sur le mauvais rapide ; les murailles, perchées sur le roc et hautes de trente ou quarante pieds, sont fortes et sévères ; il n’y paraît pas une fenêtre, pas un être humain. J’entre par la porte, petite et gothique ; silence, dépopulation ; rues larges de huit pieds ; maisons toutes petites, vestiges de gothique ; surtout absence de tout ce qui montre la civilisation ; au lieu de vitres, du papier huilé à beaucoup de fenêtres. Enfin cette idée me vient que je suis au milieu d’une ville du xvesiècle. Cette idée me semble juste. Tout ce qu’on a fait de bien depuis l’an 1500, on l’a fait au nouveau Carcassonne, que je vois là-bas sous mes yeux à un quart de lieue d’ici (Stendhal 1992 : 689).
2Le fleuve qui sépare les deux Carcassonne marque la frontière entre deux espaces urbains et deux types de population mais aussi et surtout entre deux temps. La Cité est une ville du passé, vouée, en apparence, à la ruine et à l’indifférence du monde. La ville basse, seule, vit un présent tourné vers l’avenir. Mais, dans le temps même de ce processus d’abandon et de mort lente, un autre mouvement est en train de naître qui va inverser le cours des choses.
3En 1850, en effet, après plusieurs péripéties administratives, les fortifications de la Cité sont classées monument historique et Eugène Viollet-le-Duc est chargé d’y conduire d’importants travaux de restauration. Dans l’histoire du site c’est là un tournant capital : la vieille ville, sans rien perdre de son caractère obsolète et désuet, est passée d’un statut négatif à l’image valorisante de lieu de mémoire national. À partir de là, la Cité va, peu à peu, devenir l’emblème de la ville tout entière et, par le biais du tourisme, incarner son avenir économique. Mais, au-delà de ce processus de requalification, ce que nous nous proposons d’étudier ici ce sont, autour de la notion de monument habité, les variations et les transformations du regard des visiteurs.

Au temps de la restauration

4À l’aube de la restauration, la Cité était essentiellement habitée par des tisserands, travaillant soit à domicile, soit dans des usines installées à proximité. Or, après avoir été une composante essentielle de l’économie régionale, l’industrie textile n’était plus, dans les années 1850, qu’une activité moribonde génératrice de bas salaires et de chômage. En 1836, le docteur Villermé, venu à Carcassonne pour faire son enquête sur les conditions de vie des ouvriers, note l’extrême dénuement des tisserands de la Cité :
Les logements d’ouvriers m’ont paru, en général, passables dans la ville basse et les faubourgs, mais très mauvais dans l’ancienne ville, la ville haute ou Cité. On se ferait difficilement une idée, si on ne l’avait vue, de la misère qui règne dans ce dernier quartier de Carcassonne, où sont réunis beaucoup de tisserands et les autres ouvriers les plus pauvres de la fabrique. On n’y voit que des rues étroites, tortueuses, des maisons mal bâties, sales dans leur intérieur, à rez-de-chaussée souvent obscurs, humides, des logements mal meublés, trop petits pour les habitants, et presque partout ceux-ci plongés dans l’indigence (Villermé 1840 : 336-337).

La Cité en ruine, vers 1830, d’après un dessin de Villeneuve
5En fait, il y avait à la Cité, et ce au moins depuis le xviiie siècle, deux territoires urbains distincts : la zone intra muros à proprement parler, correspondant à l’espace de l’ancienne ville fortifiée, et le quartier des Lices installé entre les enceintes intérieure et extérieure dans un lieu normalement réservé aux usages militaires et concédé aux habitants au fur et à mesure du déclin de l’intérêt stratégique de la citadelle. Avec ses maisons établies sur la ligne même des fortifications, le quartier des Lices était, en quelque sorte, la banlieue pauvre de la Cité. Pour vieilles et délabrées qu’elles fussent, les maisons de l’intérieur étaient de vraies maisons tandis que celles des Lices n’étaient que de sommaires masures adossées aux murailles de la forteresse comme à une falaise rocheuse.

Parcellaire des Lices en 1809. Chaque case numérotée correspond à une baraque accrochée à la muraille (publié dans l’ouvrage de Joseph Poux, La Cité de Carcassonne, histoire et description, t. 3, Le Déclin, la restauration (1466-1937), Toulouse/Paris, Édouard Privat/Henri Didier, 1931-1938).
6Dans un rapport daté de 1851, Viollet-le-Duc avait alerté les Monuments historiques sur les dangers que ces constructions parasites et leurs habitants faisaient subir au futur monument. « Le quartier des Lices, concluait-il, ne se compose que d’habitations insalubres où les familles et les animaux domestiques vivent pêle-mêle ; l’enlèvement de ces masures pourrait être considéré comme une mesure de salubrité » (A.P. 284. 1846-1853). En 1853, à l’ouverture de la première campagne de restauration, une part des crédits fut consacrée au rachat et à la démolition des maisons des Lices. Du point de vue administratif, ce fut là une opération longue et compliquée qui dura jusqu’en 1911 où les trois dernières bâtisses parasites furent enfin démolies.
7Lorsque, en 1867, Hippolyte Taine visite Carcassonne, les travaux de restauration battent leur plein mais le dégagement des lices est à peine entamé. Il consacre, dans ses Carnets de voyages, quelques lignes à la description de la misère de ce quartier :
La vieille ville, forteresse escarpée du Moyen Âge, est presque abandonnée ; il y reste dix-huit cents pauvres diables, tisserands pour la plupart, dans de vieilles maisons de torchis. Tout le long des murailles rampent et s’accrochent des baraques informes, borgnes ou boiteuses, imprégnées de poussière et de boue, et dans la ruelle étroite, parmi les ordures et les débris infects, des enfants déguenillés, crasseux, vaquent, avec des nuées de mouches, sous un soleil de plomb qui cuit et roussit toute cette moisissure humaine ; c’est un ghetto du xive siècle (Taine 1897 : 289).
8En 1886, Léon Malo publie dans la Revue du Lyonnais un petit article sur la Cité de Carcassonne qui porte un jugement dénué de toute compassion sur les habitants du monument, ne voyant là qu’un spectacle fâcheux qui nuit à la beauté du site :
Pour aller de l’enceinte fortifiée à la cathédrale, il faut traverser quelque chose comme une petite ville, sordide, gluante, humide, où se reproduisent quinze ou seize cents êtres approximativement vivants, tisserands de leur état, qui subsistent dans cette agglomération de masures comme les animaux à sang froid grouillent au fond d’un puits. Ce qui leur tient lieu de voie publique est un réseau de rues tortueuses, pentueuses, malpropres, ne connaissant du soleil que sa lumière diffuse. Quelques-unes sont passées à l’état de tunnels : les maisons qui se font vis-à-vis s’appuient l’une sur l’autre comme deux ivrognes qui sortent de chez le liquoriste. Ces ruelles sont généralement désertes ; sauf le bruit des métiers qui battent, de l’aurore au couvre-feu, elles demeurent silencieuses. De loin en loin, vous y croiserez quelques passants moisis ; eux ou leur ombre, je ne sais ; mais, à peine rencontrés, vous les verrez disparaître dans des trous noirs qui sont les portes de leurs logis ; la seule approche de ces ombres visqueuses réveille les rhumatismes. Cet amas de maçonneries délabrées et puantes, enchâssées dans cette ceinture magnifique, ressemble à une ordure qu’on aurait, par mégarde, enfermée dans un coffret d’or rehaussé de pierreries (Malo 1886).
9Vingt-sept ans plus tard, en 1913, une fois la restauration achevée, Louis Viator – un pseudonyme – signe dans un numéro de L’Aude à Paris un texte qui tranche complètement avec cette vision et fait aux habitants une tout autre place :
C’est une chevauchée dans les âges de mystère pendant laquelle on oublie notre époque [...]. Car la Cité reste habitée comme autrefois : moyenâgeux entassement de bicoques aux ruelles tortueuses suivant les ondulations du sol. On a reconstitué à grands frais des villages anciens ; il suffisait de venir visiter cette Cité de Carcassonne, avec ses maisons toutes de guingois, leurs auvents couvrant les portes basses, les échoppes à peine modernisées, les cabarets où l’on vante la blanquette de Limoux. C’est toujours le refuge immense que les ponts-levis ne protègent plus contre l’assaut, où chante sans cesse le vent. À peine habitués aux visiteurs, les gens vous regardent d’un air curieux : il y a dans leur prunelle une sorte de joie et de fierté, les jours de la domination seigneuriale sont loin ; ils se sentent les maîtres de ce prodigieux castel qu’on vient admirer de tous les points du monde. [...] Ceux qui parcoururent les lices et gravirent les cinquante tours ont oublié le pittoresque du bourg enfermé dans ces enceintes, c’est un poème, une légende qui semble trembler sur les lèvres des vieilles accagnardées aux rayons de soleil, gaieté de leur seuil. Elles semblent redire quelque récit de troubadour ; car ils vinrent souvent les joueurs de mandore, précédant les piquiers aux pas lourds, aux soirs des entrées triomphales (Viator 1913).
10Que s’est-il passé pour que les habitants aient ainsi acquis droit de cité dans la représentation imaginaire de la ville médiévale ? De quoi témoignent ces regards opposés ? De divergences personnelles des façons de voir ? D’une évolution générale de la sensibilité – il est bon qu’un peu de couleur locale vienne donner vie aux vieilles pierres ? Certainement des deux à la fois, mais aussi des changements qui sont intervenus dans le lieu. Le projet de dégagement des lices commencé par Viollet-le-Duc a été mené à bien. Aucune maison parasite ne défigure maintenant le monument. Ensuite, la situation économique des habitants s’est aussi considérablement améliorée. L’industrie textile est définitivement morte, et si la pauvreté est toujours de mise elle est bien moins grande qu’au temps des tisserands. Le misérable quartier des Lices a été rasé, il n’y a plus qu’un seul territoire urbain, celui de l’ancienne ville médiévale. Les habitants sont moins nombreux, leur misère est moins agressive, ils occupent l’espace légitime du bourg fortifié et peuvent, aux yeux des visiteurs, endosser le rôle de descendants du petit peuple médiéval. Tant qu’ils vivaient dans des masures usurpées sur les antiques ruines, ils ne pouvaient qu’évoquer la déchéance de la vieille citadelle et apparaître comme des déprédateurs du monument. Une fois celui-ci entièrement restauré et eux-mêmes entrés à l’intérieur des fortifications, la pauvreté de leur mise, la vétusté de leurs demeures, la situation à l’écart de la moderne ville basse deviennent les garants d’une authenticité préservée.

Les Lices-hautes, d’après une carte postale, circa 1900.
11« La Cité de Carcassonne n’est pas un simple château fort ; c’est une ville entière, fortifiée et habitée. » Il s’agit là d’une formule maintes fois exploitée dans les campagnes publicitaires. La dimension de ville fortifiée habitée semble donc inclure les habitants dans la notion de monument. Le rôle que les promoteurs de la Cité leur assignent est essentiellement imaginaire. Ils ne sont pas sollicités en tant qu’êtres réels mais comme des représentations allégoriques destinées à peupler les rêves des visiteurs en quête de témoignages « authentiques » du passé. Ils sont censés animer le décor et lui donner une touche de vie. L’argument s’adresse aussi bien au public cultivé qui vient à la Cité pour découvrir son histoire militaire et architecturale qu’à l’amateur éclairé ou au simple touriste, intéressés par toutes les curiosités locales. Il ne fera cependant jamais l’unanimité. Des débuts de la restauration à nos jours les habitants seront toujours, pour les visiteurs, l’objet d’un double discours, tantôt remarqués et appréciés pour la note de pittoresque qu’ils apportent, tantôt ignorés ou méprisés pour la trivialité qu’ils introduisent dans le lieu.

Visiteurs dans les lices, d’après une carte postale, circa 1900.
12Le partage entre ces points de vue est une question de sensibilité et paraît recouper, de façon schématique, des critères qui sont souvent ceux de la distinction sociale et culturelle. Mais l’éventail des nuances est si large et si susceptible de variations dans le temps qu’il n’est pas possible de se contenter d’une division par catégories de visiteurs. Il nous paraît plus pertinent de l’organiser autour des figures mêmes des deux types de vie qui habitent le monument : celle des hommes de chair et d’os et celle des fantômes de l’histoire.

La Cité animée

13Il semble d’abord que ce soit parmi les classes les moins habituées aux arcanes de la connaissance historique et artistique que la dimension de lieu habité par une vie réelle et typique ait éveillé le plus d’échos. Puisque le Moyen Âge est le temps emblématique de la forteresse, c’est lui qui est supposé donner le ton de la couleur locale. Le fait que l’architecture des maisons de l’ancienne petite ville ne conserve aucun vestige de cette époque n’est pas un handicap, l’étroitesse des rues et la simplicité des demeures suffisent pour conférer au site un caractère approximativement moyenâgeux. Nul n’est vraiment dupe du tour de passe-passe qui consiste à donner au tout la qualité d’une partie, et de nombreuses boutades stéréotypées, du genre « Le feu rouge, lui aussi il est d’époque ? », viennent remettre les choses à leur place, sans altérer pour autant le plaisir de jouer aux explorateurs d’un voyage dans le temps. La médiévalité est ici un caractère, acquis comme par capillarité, dans le voisinage du monument. Dans la première moitié du xxe siècle, la Cité est un quartier populaire et populeux, on y trouve plusieurs épiceries, boulangeries, pâtisseries, une boucherie..., mais il y a aussi, pour agrémenter l’endroit et lui conférer un peu d’exotisme, quelques boutiques d’antiquités et de souvenirs, un salon de thé au mobilier de style gothique, un « estaminet »... La rue Cros-Mayre vieille, qui conduit du pont-levis au château, et la rue Saint-Louis, qui mène jusqu’à la cathédrale Saint-Nazaire, sont le parcours obligé d’une promenade dans l’intérieur de la « ville médiévale ». Cette déambulation, complétée parfois, mais pas toujours, par une plus ou moins rapide incursion dans les lices, est devenue pour beaucoup de touristes l’activité principale de leur séjour. Hier, les regards se portaient sur les habitants pour y déceler les traces d’une survivance des temps antiques ou, au moins, d’une originalité typique. Aujourd’hui, ce sont surtout les animations médiévales qui les attirent, comme si le monument ne devenait intéressant qu’une fois animé par des figures qui permettent une immersion immédiate dans son univers. À l’extrême, il paraît n’être là que pour servir de décor aux personnages costumés, cavaliers et guerriers en armes, manants hirsutes et grandes dames en hennin qui parcourent son espace et l’emplissent d’une agitation d’un autre âge. Pour plaire à ce type de public, les professionnels du tourisme se sont attachés à développer une dimension de lieu habité par un folklore médiéval simple et concret. Des musées privés « du costume », « du Moyen Âge », de la « torture » proposent aussi d’alléchantes plongées dans l’histoire quotidienne. Dans cette débauche de signes évidents, le monument – et c’est là un des paradoxes de la Cité – perd de son pouvoir attractif. En 1996 sur les deux millions et demi de touristes qui ont franchi le pont-levis, 247 000 seulement, soit 10 %, ont suivi la visite guidée organisée par les Monuments historiques.
14À tous ceux qui ne possèdent pas les clés nécessaires au savant déchiffrement de leurs subtilités archéologiques et architecturales, les kilomètres de remparts et les cinquante-deux tours de la Cité ne révèlent rien d’autre que la vision d’une longue théorie d’ouvrages fortifiés, somme toute assez similaires. L’accès au terre-plein entre les deux enceintes étant libre et gratuit, chacun peut à sa guise y accomplir une visite sur mesure. Faire le tour complet des lices est, pour beaucoup, une longue et monotone promenade. Aux beaux jours, lorsque le soleil illumine les pierres et les pare de chauds reflets dorés, le parcours peut être apprécié. Mais l’hiver, lorsque la grisaille du ciel accuse celle des hautes murailles, lorsque la pluie les jonche de grandes traînées noirâtres, lorsque le vent et la brume les noient de tourbillons glacials, lorsque, seuls, les cris des choucas rompent le silence, les lices apparaissent comme un endroit triste et désolé, trop soumis au règne inhospitalier de la nature pour donner au visiteur en quête de vives images du folklore médiéval l’envie de s’y aventurer.
15Il est des gens, nous le verrons, qui n’ont besoin d’aucune aide extérieure pour faire parler les pierres et ressusciter les multiples mémoires du lieu ; ceux-là, poètes ou archéologues, vont trouver le meilleur de leur plaisir dans une Cité vide de toute animation contemporaine. Mais lorsque rien, aucun savoir, aucun imaginaire personnel, aucune médiation ne vient peupler le silence des pierres, le monument reste muet. Il échappe au sens et tout alors peut être bon pour tenter de lui en donner. Les habitants, qu’ils soient ou non porteurs de la moindre étrangeté, deviennent des supports pour appréhender un peu de sa réalité, pour tenter d’en saisir des fragments. Et pour plaire aux touristes, les Citadins parfois jouent le jeu et leur détaillent, en embellissant s’il le faut, quelques anecdotes sur la vie de la Cité :
Il y a des clients qui me demandent si je suis né ici. Je leur dis que oui, et que mon père aussi. Alors ils sont contents. Ils veulent savoir la maison comment elle était, si elle est ancienne... Alors je leur montre la cave, l’escalier avec les pierres, le puits... Et je leur raconte une histoire, je ne sais pas laquelle, mais je leur raconte une histoire, alors là ils sont estomaqués ! Bon et puis j’arrête, parce que sinon ils partiraient jamais, ils resteraient là à regarder... Parce que les gens nous regardent, comme ça, je sais pas pourquoi. Parce qu’on habite ici, parce qu’on leur dit qu’on est nés ici, alors ils nous regardent comme si on était des bêtes curieuses. Il y en a même qui regardent par la fenêtre, ils s’appuient à la vitre et ils regardent. Un de ces jours, il y en a un qui nous jettera des cacahuètes !
16L’absence de culture ou d’intérêt pour l’histoire ne sont pas les seules raisons de l’attrait que les habitants peuvent exercer. En emplissant les rues de la Cité d’une vie populaire traditionnelle, ils lui confèrent le statut de site où le temps paraît suspendu. Issue d’un milieu bourgeois et intellectuel, Jeanne Azaïs a noté dans ses Souvenirs la valeur ajoutée que, dans les années 1870 déjà, la population pouvait apporter à la visite du monument. Et ce d’autant plus que, l’aménagement et la présentation du site en étant à leurs balbutiements, le contenu de ladite visite était somme toute assez décevant :
Quand on avait des amis en visite, la promenade à la Cité s’imposait. On partait en break sous le soleil rôtissant, dans la poussière – alors blanche ! – de la route et on allait à l’église, seule partie alors restaurée. Puis on allait au château où le vieux gardien Cals vous montrait quelques ferrailles d’origine douteuse et une oubliette assez confortable. C’était tout. À moins qu’on n’eût le temps et le goût de circuler entre les deux enceintes de remparts dans la rue formée par les masures qu’habitaient surtout des chiffonniers espagnols. C’était pittoresque, infiniment sale, grouillant d’enfants. Certains avaient de minuscules jardinets avec un figuier et un plan de tomates. J’ai regretté qu’on n’en ait pas conservé une partie ; cette population donnait à ces vieux murs une vie qui semblait de leur âge (Azaïs 1986 : 41).
17Parmi les plus documentés des visiteurs, parmi les plus passionnés admirateurs des vieilles pierres, certains sont donc aussi tentés par la contemplation des tableaux vivants que compose la population. L’animation et la couleur locale, si elles ont les apparences de l’authenticité, peuvent être jugées en harmonie avec le lieu :
  • 1 Cérémonie carnavalesque populaire, le Tour de l'âne est la fête emblématique de la vie du quartier. (...)
Pour la fête, au moment du Tour de l’âne1, si vous aviez vu les étrangers, toutes les photos qu’ils prenaient ! On est en Amérique, on est en Chine, on est partout ! La farandole devant l’église c’était magnifique, alors là les gens n’arrêtaient pas de filmer. Et aussi à la porte narbonnaise. Au pont-levis, là, c’était de toute beauté ! Et le lundi quand on mangeait les escargots, on mangeait dehors, dans la cour. Alors imaginez-vous ! Les gens s’arrêtaient pour nous prendre en photo.
18Lorsqu’ils s’accompagnent d’un intérêt manifeste pour le monument, les regards des visiteurs ne blessent pas les habitants, mais sont souvent, au contraire, interprétés comme une sympathique et positive marque d’attention. Le fait que des étrangers cultivés, habitués à voyager et à voir toutes sortes de curiosités, s’intéressent aux faits et gestes de leur vie quotidienne renforce la conviction qu’ont les habitants de la Cité d’être des gens à part. Leur sentiment de fierté n’est pas individuel mais collectif :
Voyez cette photo, ce sont des touristes belges qui me l’ont envoyée. Il y a longtemps de ça, regardez comme j’étais jeune. On était toutes les quatre au lavoir, à celui qui était devant le pont-levis. Ils nous ont fait la photo. La photo des femmes de la Cité en train de laver le linge.
19Les Citadins sont donc souvent prêts à se charger du rôle d’animateurs, officieux et bénévoles du monument. Une ancienne habitante de la Cité se souvient, par exemple, d’avoir accepté avec plaisir, alors qu’elle était enfant dans les années 1918, de figurer sur la toile d’un peintre :
Après la guerre, la Cité a été envahie par des Américains et beaucoup de peintres. Pendant que ma mère lavait son linge, je restais au jardin de l’autre côté du lavoir, avec les deux petites, et comme elles étaient blondes toutes deux, on les prenait pour des jumelles. Un jour, un peintre m’a donné une pièce de cinq sous pour nous peindre sur sa toile, assises sur un banc, avec en fond les tours de la Cité et les corbeaux. Cette toile est peut-être exposée quelque part dans le Nouveau Monde. Et cette pièce de monnaie je l’ai toujours gardée.

L’âme des pierres

20À l’inverse de ces visiteurs sensibles aux charmes de la vie populaire, d’autres souvent ne portent qu’un bref regard, indifférent ou négatif, sur la population autochtone. Les pierres seules sont au centre de leurs désirs. Ce qui ne veut pas dire qu’ils soient, tous, uniquement préoccupés d’un savoir strictement scientifique et quelque peu austère. Le titre L’Âme des pierres, donné par l’écrivain Jules Rivals à son livre sur la Cité, est tout à fait révélateur d’un courant d’idées qui pare les monuments d’une vie intrinsèque, contenue et palpable dans leur matérialité même. Pour beaucoup d’intellectuels et de poètes, la Cité est ainsi un lieu profondément habité et animé, non point par de contemporains hommes de chair mais par de subtiles réminiscences de fantômes illustres ou inconnus. L’atmosphère y est chargée de spiritualité, parcourue de rêves et de sentiments, imprégnée de présences dont on peut parfois saisir quelques fragments. La nuit, mais aussi les froides journées d’hiver où, soufflant du Nord, le violent vent de Cers débarrasse les rues, les lices et les remparts de toute agitation ordinaire, sont les moments privilégiés. Dans le silence et la solitude, le promeneur attentif croit accéder à la perception de la vie intérieure des pierres. Car ici, comme on nous l’a dit maintes fois, « les pierres parlent ». Et chacun, pourvu qu’il en ait le désir, peut venir entendre leurs voix, déchiffrer leurs signes, découvrir leurs mystères, qu’ils soient d’ordre poétique ou historique. Et, à partir de là, construire un rapport singulier avec le lieu et y élaborer un imaginaire, qui n’est jamais tout à fait identique à celui des autres.
21Écoutons, par exemple, ce que nous dit un historien carcassonnais, spécialiste du Moyen Âge et admirateur assidu de la vieille citadelle. Sa fascination pour la Cité remonte au temps de l’enfance où, en compagnie d’un camarade, ils parcouraient inlassablement l’espace des remparts à la recherche de traces du passé :
Un monument, c’est comme une personne. Il faut le côtoyer longtemps et, petit à petit. Pour moi, pour nous, le monument était vivant quelque part. C’était un peu un corps à corps avec les pierres. Parce qu’on escaladait partout. Et, des fois, c’était pas facile, on avait dix, douze ans, on se faisait la courte échelle pour escalader, monter sur le chemin de ronde… Alors, là, tu as un contact physique avec la pierre. À cette tour qui est effondrée, là dans l’angle, à la corne de la Cité, combien de fois on y est allés ! On voit des traces d’escaliers… Alors, savoir pourquoi elle était tombée… La cause on l’a su plus tard ! Mais, en attendant, combien de fois on y est allés, là, à regarder, à tripoter… ! Puis on essayait de rentrer dans les tours, là où c’était interdit. Et une fois dans la tour, l’idéal c’était de descendre au plus profond, avec des lampes de poche, tout ça... On cherchait des inscriptions, des vases, des graffiti. On cherchait des indices, comme un jeu de piste, pour le plaisir d’en savoir plus, de découvrir. On cherchait dans les puits aussi. Parce qu’il y a un tas de légendes qui se rattachent aux puits. Alors on cherchait à savoir, à comprendre... On interrogeait des gens aussi. On allait voir ceux qui nous paraissaient les plus âgés et qui avaient toujours vécu à la Cité, pour les faire parler un peu sur les légendes. Parce que, évidemment, étant donné qu’ils habitaient là, ça faisait référence. Et eux, ça leur plaisait qu’on leur pose des questions, de voir qu’on cherchait à savoir.
22Pour ces jeunes garçons, le monument est « vivant » et ils s’appliquent à déchiffrer son langage dans une connivence à la fois physique et spirituelle avec les pierres. Les habitants ne sont interrogés qu’à titre de témoins passifs susceptibles de fournir des indices. Jamais l’idée ne leur est venue de les voir comme une part, vivante elle aussi, du monument. Le passé seul leur importe, le présent n’est pas le temps de la vie du monument. Ils ne portent aucun jugement de valeur sur les gens qui vivent au sein des antiques murailles, simplement ils les excluent, sans même y songer, de ce qui est, pour eux, l’essence de la vieille citadelle, c’est-à-dire la vie enfouie mais toujours présente au secret des pierres, dans les profondeurs souterraines des caves et des puits. Ils croisent pourtant dans le lieu des enfants de leur âge qui, passionnés eux aussi par l’esprit de la forteresse, arpentent son espace et tentent, mais d’une autre manière, d’en revivre les heures glorieuses :
Les jeunes qui habitaient la Cité, je ne les connaissais pas. Et pour faire ce qu’on avait à faire, à la limite, on n’avait pas besoin d’eux. Il y en avait qui jouaient à mimer des combats du Moyen Âge, des trucs comme ça. On les voyait avec des couvercles de lessiveuse imitant des boucliers, et des manches à balai imitant des épées. Mais nous, ça non, ça nous plaisait pas. Nous, c’était pour essayer de trouver… C’était un jeu aussi. Mais différent.
23L’un des protagonistes continuera, tout au long de l’adolescence et à l’âge adulte, d’explorer l’histoire et l’espace de la Cité. La rigueur scientifique acquise au il de ses travaux universitaires ne le fera jamais se départir de l’imaginaire de l’enfance et les lectures les plus érudites ne lui feront pas oublier les légendes. Il continuera longtemps, par exemple, de rêver aux souterrains mythiques qui sont censés relier Carcassonne à plusieurs châteaux de la région, et notamment à ceux de Lastours, à une vingtaine de kilomètres où, dans une grotte, s’ouvre un boyau nommé le « Trou de la Cité » :
On savait très bien qu’on n’arriverait jamais à la Cité en partant de là, mais on essayait quand même. Il faut passer dans un tunnel à plat ventre, puis c’est maçonné, et après il y a plusieurs boyaux qui s’en vont. Pas bien loin, parce qu’en fait ça tourne et ça revient. Je l’ai fait vingt fois, ça. Bon, quand tu réalises, tu te dis que c’est pas possible. Mais, pris dans le feu de l’action, tu te dis « pourquoi pas ? ». Même si tu sais quelque part que ce n’est pas vrai.
24Depuis l’époque de son émergence en tant que monument historique, la Cité a maintes fois inspiré des œuvres, littéraires, iconographiques et cinématographiques, fondées sur de semblables « pourquoi pas ? ». En fonction de leurs centres d’intérêts et de leur sensibilité, les auteurs y mêlent données de l’histoire et imaginaire. S’attachant à ressusciter des figures ou des idées souvent issues du Moyen Âge, le merveilleux explore les facettes d’un passé toujours prêt à resurgir pour guider la conduite des hommes d’aujourd’hui. Nous pouvons citer rapidement le film La Fiancée des ténèbres, où des personnages modernes – dont l’un évoque l’image de l’écrivain Joë Bousquet – sont confrontés à la matérialité des traces spirituelles que le catharisme a laissées dans le sous-sol de la vieille Cité. Dans un genre très différent et sur le ton de la fantaisie, les romans de Luc Alberny (1936) mettent en scène les aventures de candides habitants trop enclins à confondre le rêve et la réalité. Dans Le Retour de Trencavel, un vieillard exalté attend et prépare le retour de l’héritier du dernier vicomte légitime de Carcassonne, Raymond Roger de Trencavel, victime de la croisade contre les Cathares. Dans La Nuit de la reine Carcas, un jeune Citadin succombe au charme de dame Carcas, héroïne éponyme et légendaire dont la statue orne l’entrée du pont-levis, et qui est dotée de l’étrange privilège de pouvoir, une fois par siècle, quitter sa gangue de pierre pour se réincarner le temps d’une nuit d’amour. Dans les deux cas, la suite du récit révèle qu’il y a eu chaque fois une supercherie montée dans un but bassement matériel, mais ce démontage n’altère en rien la valeur de l’aventure onirique. À côté de ces représentations très personnelles, une imagerie plus convenue et stéréotypée s’est peu à peu mise en place. La Cité, à l’instar notamment des châteaux dits « cathares », serait un « lieu magique », hanté par des souffles du passé, une citadelle dont les remparts enserrent, gardent, et dévoilent quelquefois à la faveur de circonstances propices, des mystères venus de la « nuit des temps ». En 1997, un petit film à vocation publicitaire de Philippe Escudié, La Nuit du feu, exploite ainsi ces clichés. Après un bref commentaire historique destiné à souligner la profondeur temporelle du site, le film cultive à plaisir la dimension « magique » de la Cité, d’abord à coups de prises de vues insolites, fumée ou brume mystérieuse qui s’exhale du grands puits, teinte ocrée et irréelle des murs... Puis c’est le feu d’artifice du 14 Juillet et l’embrasement des remparts qui constituent l’essentiel des images et le noyau sémantique de la mise en perspective : fusées qui illuminent les murailles de lueurs d’incendie, les parent d’une inquiétante et étrange beauté, éveillent les forces obscures du lieu ; le feu allégorique ouvre les portes du temps et un cavalier des âges mythiques surgit, brève et emblématique apparition. Moins qu’à son contenu, l’originalité du film tient sans doute au fait qu’il s’adresse à un large public, qu’il révèle à la masse des visiteurs un aspect de la Cité absent des guides et des dépliants touristiques. Ce qui était exploré jusque-là de façon relativement confidentielle par des intellectuels et des artistes, ce qui faisait l’objet d’élucubrations imaginaires intimes apparaît ici figé dans une représentation conventionnelle destinée au plus grand nombre.
25Dans le contexte idéologique d’une prééminence de l’« âme des pierres », les visiteurs ne sont guère enclins à porter leur curiosité sur la population locale. Ils la côtoient par force et certains, même, cherchent à l’éviter lorsqu’ils le peuvent. C’est ainsi, par exemple, que beaucoup des Carcassonnais qui se disent amoureux de la Cité y viennent, de préférence la nuit ou l’hiver, et y accomplissent des parcours qui les mettent à l’abri de toute rencontre avec la vie autochtone : « Je passe toujours par les lices et par les petites rues, ça fait que je ne vois jamais personne. Je connais toute la Cité, ça oui je la connais bien, mais les gens de la Cité, non je ne les connais pas. » La Cité est un lieu où la vie du monument efface celle de la population, un peu comme s’il y avait concurrence entre elles, comme si la connaissance de l’une empêchait d’appréhender l’autre, comme si le monument était le siège d’une réalité dédoublée. Un plan cache l’autre, les yeux appliqués au subtil déchiffrement de la vie des pierres sont aveugles à tout ce qui pourrait les détourner de la construction et de la compréhension de leur objet exclusif.

BIBLIOGRAPHIE

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Alberny luc, 1936.
Le Retour de Trencavel, suivi de La Nuit de la reine Carcas, Paris, H. G. Peyre.
Amiel christiane, 2002.
« Le retour du Tourd e l’âne à la Cité de Carcassonne. Ethnologie et mémoire locale », Ethnologies comparées, n° 4, « Mémoire des lieux ». Disponible en ligne, http://recherche.univ-montp3.fr/cerce/r4/c.a.htm [consulté en août 2009].
Amiel christiane & claudine fabre-Vassas, 1982.
« Carnaval, classes d’âge et identité d’un quartier : le Tour de l’âne de la Cité de Carcassonne », in catalogue d’exposition Un demi-siècle d’ethnologie occitane. Autour de la revue Folklore, Carcassonne, garae Hésiode, pp. 112-152.
Azaïs jeanne, 1986 [1940].
Souvenirs, Carcassonne, garae Hésiode.
Malo léon, 1886.
« Une ville au Moyen Âge », Revue du Lyonnais, vol. 2, 5e série, p. 229 sq.
Rlvals jules, 1920.
Cité de Carcassonne. L’âme des pierres, Carcassonne, imprimerie de Gabelle.
Stendhal, 1992 [1927].« Voyage dans le Midi de la France », in Stendhal, Voyages en France, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade ».
Taine hippolyte adolphe, 1897.
Carnets de voyage. Notes sur la province 1863-1865, Paris, Hachette.
Viator louis1913.
« Carcassonne », L’Aude à Paris, n° 40.
Villermé louis rené (docteur), 1840.
Tableau de l’état physique et moral des ouvriers des manufactures de coton, de laine, Paris, J. Renouard.

NOTES

1 Cérémonie carnavalesque populaire, le Tour de l'âne est la fête emblématique de la vie du quartier. Juché sur un âne, brandissant au-dessus de sa tête une paire de cornes ornées de légumes phalliques, aubergines (viefs d'ase, vits d'âne), poireaux, carottes, oignons..., le dernier marié de l'année est promené dans les rues en tête d'un bruyant cortège de masques et de musiciens (Amiel 2002 ; Amiel & Fabre-Vassas 1982).

TABLE DES ILLUSTRATIONS

LégendeLa Cité en ruine, vers 1830, d’après un dessin de Villeneuve
URLhttp://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/3496/img-1.jpg
Fichierimage/jpeg, 532k
LégendeParcellaire des Lices en 1809. Chaque case numérotée correspond à une baraque accrochée à la muraille (publié dans l’ouvrage de Joseph Poux, La Cité de Carcassonne, histoire et description, t. 3, Le Déclin, la restauration (1466-1937), Toulouse/Paris, Édouard Privat/Henri Didier, 1931-1938).
URLhttp://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/3496/img-2.jpg
Fichierimage/jpeg, 156k
LégendeLes Lices-hautes, d’après une carte postale, circa 1900.
URLhttp://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/3496/img-3.jpg
Fichierimage/jpeg, 496k
LégendeVisiteurs dans les lices, d’après une carte postale, circa 1900.
URLhttp://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/3496/img-4.jpg
Fichierimage/jpeg, 449k